0226 Quand Le Vent De L’Océan Souffle Sur Bordeaux.

Jeudi 20 septembre 2001, au matin.

Le lendemain, je me réveille avec un sentiment de manque terrible. Mais une agréable surprise m’attend.
« Bonjour toi ».
Enfin un message de Jérém.
« Bonjour ça va ? » je m’empresse de lui renvoyer.
« Oui. on se capte se soir ».
Le message est laconique, mais il a quand même le pouvoir d’illuminer ma journée.
En quittant mon appart pour partir à la fac, je suis d’une humeur toute guillerette.
« Bonjour Nico » me lance Denis.
« Bonjour ».
« Ça va ? ».
« Oui, bien, et vous ? ».
« Bien, bien. Dis-moi, je voulais te demander un service ».
« Vous pouvez ».
« Ce soir quand tu rentres, tu pourras me donner un coup de main pour dépoter ces deux palmiers et à les planter dans la terre dans l’autre cour ? »

« Avec plaisir. On fera ça dès que je rentre ».
« Merci ».
« Il y a du vent ce matin » je constate, en entendant les rafales siffler depuis la rue.
« C’est le vent de l’Océan. Il faudra t’y habi ici ».
« Je suis habitué au vent, à Toulouse ».
« Ah, oui, mais ici ce n’est pas le vent d’Autan, c’est un vent humide qui amène souvent le mauvais temps ».
En partant, je colle enfin mon nom sur la sonnette.
Dans la rue, le vent ronfle très fort. Je l’ignore, mais aujourd’hui encore le vent qui souffle sur la ville annonce que quelque chose d’important va très bientôt se produire dans ma vie.

Troisième jour de fac, deuxième jour de cours. Dans le bus, le bel ouvrier n’est pas au rendez-vous. Aujourd’hui, Monica n’est pas là non plus.
« Si elle commence à sécher dès le premier jour, ça promet » plaisante Raphaël.
« Elle a dû avoir un empêchement ».
« Moi je dis qu’elle est plutôt bonne, Monica » il enchaîne, sans transition.
Je fais semblant de ne pas avoir entendu sa remarque.
« T’en penses quoi, toi ? Tu la trouves bonne ? » il insiste.


« Elle n’est pas mal ».
« Les brunes c’est pas ton kif ? ».
« Non, enfin, oui, ça dépend… ».
« Tu préfères les blondes ? Regarde cette bombasse à 14 heures avec son haut noir. Moi cette nana me fait craquer ».
« Je croyais que tu kiffais Monica ».
« L’un n’empêche pas l’autre. La première qui dit oui sera l’élue. En ce moment, j’ai très faim ».
Je ne trouve rien à réagir à ses mots. Je suis un peu gêné par son numéro de dragueur. J’espère qu’en ne le secondant pas, il va arrêter. Mais ce n’est pas ça qui va le décourager.
« Je crois que je préfère quand même la blonde. Il faut que j’arrive à lui parler, il faut que je trouve un prétexte pour lui parler. Si j’arrive à attirer son attention, elle est piégée ».
« T’es horrible, toi ».
« Quoi ? Si on ne baise pas à la fac, les études perdent 50% de leur intérêt. Ne me dis pas que toutes ces meufs qui se baladent sur le campus ne te font pas de l’effet. Il n’y en a qui sont plutôt pas mal. Et tu ne m’as toujours pas dit quel est le genre de nana qui t’attire ».
J’ai envie de lui balancer qu’il n’y a aucune nana qui me fait de l’effet, mais qu’en revanche, il y a plein de mecs qui m’en font. Au lieu de quoi, je me contente de lui répondre :
« Je n’ai pas un genre fixe, il faut que je puisse discuter avec pour être attiré ».
« Moi il me suffit de leur regarder le cul pour être attiré. Et il me suffit de leur parler pour les mettre dans mon lit ».
Le cours du matin démarre enfin et fait taire mon camarade bavard et coquin.
Midi arrive et pendant le déjeuner, Raphaël lit un journal très à gauche.
« C’est quand même incroyable la médiocrité de notre classe politique dirigeante actuelle » il lance, sans lever le nez de sa lecture.
« Pourquoi tu dis ça ? ».
« Parce que c’est une classe politique dirigée par les intérêts des grands patrons » il m’explique, après avoir enfin levé les yeux des colonnes « Ce sont les grands patrons qui font élire leurs pions politiques, et qui, de fait, dirigent le monde au nom des grands intérêts financiers en exploitant les travailleurs par tous les moyens.

Que ce soit clair, je regrette tous les morts de New York, jusqu’au dernier, et j’ai de la peine pour leurs familles.
Mais la destruction d’un centre de finance et de spéculation ce n’est pas en soi une mauvaise chose. Il faudrait que toutes les bourses et tous les centres de spéculation du monde soient mis hors état de nuire, et qu’ils le soient par la loi, ou par une révolte citoyenne, sans attendre que ce soient des attentats qui s’en chargent ».
Et il se lance dans un long laïus au sujet des méfaits du monde de la finance, les "criminels en col blanc qu'aucune justice ne punit", comme il les appelle.
Plus je l’entends parler, plus ma fascination pour ce gars ne fait que grandir. Ses connaissances, ses arguments, sa capacité de réflexion et de synthèse, la force de sa pensée politique, son discours aux antipodes de tout ce qu’on entend dans les médias officiels où le bien c’est nous et le mal les autres : tout dans ses mots me fascinent.
Dans le fond, je ne sais pas vraiment quoi penser de son analyse. Elle a l’air cohérente mais tellement funeste. Je n’ai jamais eu de conscience politique. Je n’ai jamais eu l’occasion de côtoyer quelqu’un d’aussi passionné par la politique. Quelqu’un qui remet aussi profondément en question la gouvernance de nos sociétés, leur justice sociale, le politiquement correct. Qui relativise la localisation du bien et du mal. J’ai toujours inconsciemment cru vivre dans le meilleur des mondes possibles et je découvre soudainement que rien n’est ce qui paraît. Ses mots me font peur parce qu’ils me laissent entrevoir que, derrière le discours officiel, se cacheraient des horreurs inavouables.
Plus je l’écoute parler politique, plus je trouve son côté passionné profondément séduisant. Un mec passionné a un charme particulier. Un mec assoiffé de justice sociale dégage un charme hors-normes.
Ce qui me frappe chez lui c'est son assurance, sa profonde et honnête croyance dans les idéaux qu’il essaie de diffuser avec ses tripes.
Ce qui me frappe aussi, c’est sa maîtrise du langage, la puissance de son élocution, la solidité de ses idéaux, solidité qui fait son assurance, sa forte personnalité qui s’impose et qui en impose, son esprit vif, observateur, critique, qui n’a pas peur de se poser en marge de la pensée officielle, la clairvoyance de son esprit, la maturité de ses réflexions, en dépit de son jeune âge.
Pour la première fois de ma vie, je me trouve confronté à l'une des plus puissantes manifestations du charme masculin, le charme intellectuel qui déclenche l'admiration.
Pendant une bonne demi-heure, le charmant Raphaël continue à me parler politique, en faisant l’apologie d’une société idéale qui serait ment très à gauche. Je ne peux que l’écouter, car mon manque de connaissance me prive de la capacité et de la légitimité d’un quelconque débat.
Mon esprit de contradiction me fait me remémorer une punch line que j’ai entendue par Coluche :
« Le capitalisme est l’exploitation de l’homme par l’homme. Le communisme c’est le contraire ».
Mais je me garde bien de la sortir, n’ayant pas les arguments pour l’étayer. Sans quoi, je sens que mon camarade n’aurait besoin que d’une phrase pour me mettre face à mes contradictions.
Pendant que nous nous dirigeons vers la salle où va se tenir notre cours de l’après-midi, il me parle également d’écologie, un autre idéal de société à ses yeux, idéal qui l’a poussé à s’inscrire à Sciences de la Terre et de l’Environnement.
Mais Raphaël est un animal capable de mimétisme. Au contact d’un journal de gauche, il est profondément politique. Lorsque quelque chose l’amuse, il fait preuve d’un fin sens de l’humour, avec un côté taquin très amusant. Et lorsqu’une belle nana rentre dans son champ de vision, il se mue en charmeur plutôt craquant.
Ainsi, pendant le cours de l’après-midi, il n’arrête pas d’échanger des regards et des sourires avec la fameuse blonde avec le haut noir qui semble avoir remarqué ses intention et qui paraît de plus en plus intriguée.

« Avant la fin de la semaine, je vais coucher avec elle » il me lance.
« Je te trouve bien sûr de toi ».
« C’est parce que tu ne connais pas mes stats avec les nanas. Elles finissent toutes par craquer sur moi ».
La fin des cours arrive et pendant que la salle se vide, Raphaël me branche sur ma vie à Toulouse. Je trouve étrange qu’il me pose tant de questions à cet instant précis. Mais je ne tarde pas à comprendre ses réelles motivations. En effet, une minute plus tard, il coupe net la conversation :
« Allez, à demain, mec. C’est pas que je ne t’aime pas, mais j’ai un truc à faire ».
« T’as quoi à faire ? »
« La bombasse blonde est seule, ses copines sont parties. Elle m’attend, c’est le moment d’attaquer ».
Et là, je le vois partir en direction de la blonde avec un pas assuré et conquérant. Il s’approche d’elle, lui lance son plus beau sourire, elle lui sourit à son tour. Il lui parle. Elle sourit. Je pense que Raphaël a vu juste. Elle est sensible à son charme. Il va passer une bonne soirée.
Lorsque je quitte la fac, le vent souffle encore plus fort que le matin. Jérém me manque horriblement.
Il me manque tout le temps mais le pire c’est quand je rentre des cours et que je me retrouve tout seul dans mon petit terrier. Le trajet en bus du matin est un parcours dans la joie d’une nouvelle journée de cours, de découverte de ce nouvel environnement dont je découvre un peu plus chaque jour les charmes.
Mais le soir, ce même trajet en sens inverse est le parcours vers la solitude de mon 15m². J’appréhende de me retrouver seul dans mon appart. Je ne suis pas habitué à vivre seul. Et j’angoisse à l’idée de devoir attendre des heures pour discuter avec mon Jérém. A condition qu’il soit disponible.
Ainsi, je trouve réconfortante l’idée de rentrer et de retrouver le petit monde clos derrière le portail en bois peint en vert, de retrouver la bienveillance de mes proprios. Ça me fait du bien de repenser au service que Denis m’a demandé ce matin. Et d’avoir ainsi une occasion d’avoir un peu de compagnie ; de retarder la solitude de mon petit studio.
Et ce qui me fait du bien aussi, c’est de penser au sms du matin de Jérém, comme une promesse de bonheur : « on se capte se soir ».
J’ai très envie de l’avoir au téléphone. Hier soir, ce petit rituel quotidien m’a bien manqué. Qu’est-ce qui l’a empêché de me faire un petit coucou ? Il encore dû sortir avec ses nouveaux potes. Je voudrais tant savoir.
En arrivant dans la rue Saint Genès, je tombe sur une voiture qui était à l’époque ni plus ni moins que la voiture de mes rêves. Elle est garée le long du trottoir à quelques dizaines de mètres de mon petit terrier. Il s’agit d’un magnifique 406 coupé, peinture bleu récif métallisée. Une pure petite merveille. Je me vois bien troquer ma vieille utilitaire pour ce petit chef d’œuvre. La bagnole est immatriculée 17, elle n’est pas de la région.
Je reste un petit moment à admirer sa silhouette stylée, ses lignes sobres et élégantes, sa couleur bleue qui a quelque chose d’hypnotique, ses intérieurs en cuir crème. Je me dis qu’un jour j’aurai une voiture comme celle-ci.
J’ai du mal à la quitter du regard et à continuer mon chemin vers mon immeuble.
Je passe le portail, je traverse le couloir avec le grand miroir, j’arrive dans la petite cour. Et là, surprise, les palmiers ne sont plus là. Denis est en train de balayer la cour.
« Bonjour Nico » il me lance, tout souriant.
« Vous avez déplacé les palmiers tout seul ? ».
« Noooon » il se marre « je n’aurais pas pu tout seul. J’ai eu de l’aide. Un jeune homme est venu, et il m’a filé un coup de main. Il est parti chercher quelque chose dans l’autre cour, il va arriver. Ah, le voilà… ».
Et là, comme dans un rêve, je vois apparaître le jeune homme en question dans l’embrasure de la petite porte reliant les deux cours, portant un grand pot de fleurs à bout de bras.
Le mec est foutu comme un dieu, très brun. Son torse, ses épaules et ses biceps sont gainés dans une chemise à manches courtes et à fines rayures bleues. Les deux boutons ouverts du haut laissent dépasser quelques poils bruns, et c’est sexy à mort. Ses biceps portent des tatouages sexy, dont l’un remonte jusqu’à son oreille. Je suis abasourdi par sa sexytude. Par sa peau mate, par son brushing de bogoss sur lequel sont posées de grandes lunettes de soleil.
En me voyant, il lâche un sourire tellement incendiaire qu’il pourrait mettre le feu à l’Antarctique.
« J… J… Jérém ? Tu fais quoi là ? » je ne trouve pas mieux à balancer, renversé par la surprise et bouleversé par le bonheur.
« Je peux me tromper, mais à mon avis il est venu exprès pour te voir » me taquine Denis.
Pour mieux m’achever, le bogoss me lance un clin d’œil des plus sexy. Et c’est beau à pleurer. J’ai envie de courir vers lui et de le couvrir de bisous.
Mais je suis obligé de me retenir. Car, à cet instant précis, une dame descend de l’escalier qui débouche dans la petite cour, avant d’emprunter le petit couloir pour sortir. Denis lui dit bonjour.
« Salut Nico ».
« Salut Jérém… mais comment tu as trouvé l’adresse ? ».
« Tu m’avais donné le nom de la rue, et tu m’avais dit que tu mettrais ton nom à l’interphone. Alors j’ai fait toutes les sonnettes de la rue jusqu’à trouver ton nom. Je voulais te faire une surprise… ».
« Et tu as réussi. Quelle belle surprise ».
« J’ai sonné et comme tu n’as pas répondu, j’ai sonné à un autre appart. Et je suis tombé sur Denis, qui m’a ouvert. Apparemment tu lui avais déjà parlé de moi ».
Je souris.
« Et comme il t’attendait, je lui ai demandé de m’aider » fait Denis.
« Ça fait longtemps que tu es là ? ».
« Une demi-heure ».
« Mais tu fais quoi ici ? ».
« T’es pas content de le voir ? » se moque Denis.
« Si, si, si, très content. Mais t’as pas entraînement ? ».
« On nous a libérés en milieu de matinée. Mais je dois être au terrain de rugby demain à deux heures ».
« Tu vas devoir te lever de bonne heure » lui lance Denis.
« Mais tu es fou ! » je ne peux me retenir de lui lancer.
« Je repars maintenant, si tu préfères » se moque le bobrun au sourire incendiaire.
« Non, non… ».
« Laisse, Jérémie » fait Denis en lui attrapant le pot des mains, « va t’installer chez Nicolas ».
« C’est petit chez moi » je le préviens.
« Ce sera parfait ».
J’ai tout juste le temps de refermer la porte derrière nous que le bobrun me colle contre le mur et m’embrasse fougueusement.
« Alors, t’as aimé la surprise ? ».
« Oh, que oui ! ».
« Tu ne t’attendais pas à ça, hein ? ».
« Ah, non ! Quand tu m’as dit « on se capte ce soir », je pensais juste à un coup de fil ».
« J’avais trop envie de te voir ».
« Mais tu es vraiment fou » je lâche, comme ivre, alors que je l’embrasse à pleine bouche et que mes mains parcourent fébrilement son corps musclé comme pour me convaincre qu’il est bien réel et que ce n’est pas un mirage.
« Oui, fou de toi ! ».
« Je suis super heureux ».
« Moi aussi » il me répond.
Nos regards silencieux s’aimantent. Je sais de quoi il a envie. Car j’en ai furieusement envie aussi.
Je déboutonne lentement, un à un, les boutons de sa chemisette. A chaque bouton ouvert, je reçois une bouffée de tiédeur parfumée au déo de jeune mâle. Je retrouve ses poils bruns avec bonheur, j’embrasse sa peau avec délice. Les deux pans séparés, je lèche ses tétons, je descends lentement vers ses abdos, je laisse ma langue glisser le long de ce petit chemin de bonheur qui relie son nombril à sa queue. J’ouvre sa braguette en prenant mon temps, je fais durer le plaisir de la découverte. Et je me retrouve face à l’élastique épais de son boxer tendu sous la puissance de son érection.
Ça sent bon le coton propre et la virilité. Je baisse le boxer et je dégage sa queue tendue, conquérante. Je lui lèche les couilles, tout en le branlant. J’arrive à lui arracher un premier soupir de bonheur.
Suivi d’un deuxième, autrement plus intense, lorsque j’avale sa queue et que je commence à la pomper avidement. Huit jours que je ne l’ai pas vue, et putain qu’est-ce qu’elle m’a manqué !
A chacun de mes va-et-vient, les pans de sa chemise brassent de l’air tiède qui caresse sa peau, se charge de délicieux effluves, et m’est renvoyé dans un bonheur olfactif qui me rend complètement dingue.
Et pour faire monter encore mon excitation, le bobrun pince mes tétons par-dessus mon t-shirt. Très vite, je suis tellement chaud de plaisir que mon seul but est désormais de le faire jouir direct.
Mais le bogoss a d’autres projets en tête. Il m’oblige à me relever, il m’embrasse. Il se débarrasse de sa petite chemise complètement ouverte, il dévoile la beauté délirante de son torse musclé et poilu. Puis, il att mon t-shirt par le bas, le fait glisser le long de mon torse, m’en débarrasse. Pendant un instant, nos torses nus se collent l’un à l’autre, nos mains caressent nos dos, nous sommes avides et insatiables de ce contact qui fait tellement de bien.
Sans arrêter de m’embrasser, le bobrun défait ma braguette, baisse mon jeans et boxer. Il saisit ma queue, l’aligne à la sienne, son bassin exerce une pression pour que nos deux sexes se pressent l’un contre l’autre, ses reins exercent un doux mouvement grâce auquel nos glands se frottent l’un contre l’autre. C’est terriblement excitant. Jérém me serre très fort contre son corps chaud, ses lèvres effleurent mon oreille.
« Tu m’as manqué ! » je l’entends me chuchoter.
« Toi aussi tu m’as manqué, si tu savais ! ».
C’est un véritable plaisir de savoir qu'on compte pour quelqu'un.
Le bogoss m’embrasse une dernière fois avant de se laisser glisser à genoux devant moi. Et de commencer à me sucer à son tour.
Un plaisir délirant envahit instantanément mon corps et mon esprit. Plaisir des sens, plaisir de me sentir « mec ». Une pipe, c’est le premier et intense témoignage de l’attirance qu’on éprouve pour quelqu’un. Ça fait du bien de me sentir aussi puissamment désiré par mon bobrun. Ça fait du bien de voir le mec aux deux tatouages, à la peau mate, au torse massif et poilu, aux biceps musclés, le mec sexy et viril qui suscite la convoitise partout où il passe, de le voir à genoux devant moi, en train de me pomper et de prendre du plaisir à le faire. C’est un pur délire. Un délire que je décide d’amplifier encore en caressant ses épaules, ses pecs rebondis, en agaçant ses tétons. Des caresses qui ont pour effet de décupler son excitation, et de faire redoubler son entrain sur ma queue.
Très vite, je sens mon plaisir s’emballer, je sens arriver le point de non-retour, l’instant où je ne voudrais plus et où je ne pourrais plus retarder mon orgasme. A chacun de ses va-et-vient, je sens monter mon envie de jouir. Et pourtant j’ai tout aussi envie de le sucer encore et de le faire jouir dans ma bouche. J’ai envie d’avoir son jus dans la bouche. Mais j’ai de plus en plus envie de jouir.
C’est au prix d’un énorme effort de volonté et d’abnégation que j’arrive à dégager ma queue de sa bouche et à retenir mon orgasme. J’att ses biceps et je le force à se relever, je le conduis sur le clic clac ouvert, je le débarrasse de son short et de son boxer.
Le bogoss accoudé, les pecs saillants, les poils bruns, les abdos sculptés, le regard brun et brûlant de désir posé sur moi, la queue raide et humide d’excitation fièrement dressée devant ma bouche : c’est la vision d’une image d’intense sensualité et de bonheur.
Je saisis sa queue et je la pompe, avidement, dans le seul but de la faire jouir le plus vite et le plus intensément possible.
Je n’ai pas besoin d’aller bien loin pour sentir son corps se contracter sous la déferlante de l’orgasme, pour sentir ses ahanements contenus (je réalise à cet instant que la totale liberté de la petite maison à Campan, où personne ne pouvait nous entendre et où son plaisir s’exprimait librement, me manque), pour sentir sa queue se gonfler à l’arrivée fracassante de son jus de mec.
Une première giclée chaude, lourde, dense, salée percute mon palais, enivre mes sens, m’apporte un bonheur sensuel indicible. Elle est suivie de beaucoup d’autres, tout aussi puissantes, tout aussi délicieuses.
Le bogoss n’en finit plus de jouir, et je n’en finis plus de goûter et d’avaler l’expression chaude et dense de sa virilité. Et lorsque ses giclées se terminent, je m’attarde sur son gland pour capturer la moindre trace de ce goût qui est pour moi le plus délicieux qui soit.
« Ah, putain… » j’entends le bogoss lâcher dans un soupir libératoire, comme un cri du cœur, juste avant de laisser tomber lourdement son dos sur le matelas.
« Ça va ? » je lui demande.
« Tu suces vraiment trop trop bien ».
« Tu t’en rends compte que maintenant ? ».
« Non, bien sûr que non… mais à chaque fois tu me rends dingue ».
« C’est toi qui me rends dingue » je lui réponds, en me laissant glisser sur son corps et en l’embrassant. Le contact de nos nudités, de nos sourires, de nos envies d’être ensemble est juste magique.
« Elle te va bien » fait le bogoss en saisissant doucement la chaînette posée sur ma peau, chaînette qui a été la sienne.
« Je la porte tout le temps, et à chaque fois que je la sens glisser sur ma peau, j’ai l’impression que tu es avec moi »
« T’es mignon ! ».
« Toi aussi t’es mignon ! ».
Et nous nous embrassons encore, insatiables de câlins.
« T’as envie de jouir ? » il me demande de but en blanc.
Je n’ai toujours pas joui. Sa queue toujours raide contre la mienne, son goût de mec bien imprimé dans ma bouche, je suis excité au possible.
« J’en ai envie, mais je vais attendre un peu. Peut-être qu’il n’y aura une deuxième « mi-temps »… ».
« Je crois qu’il y a des chances ».
« Alors je vais garder mon excitation ».
« Tu ne perds rien pour attendre » me lance le petit con sexy, tout en se levant.
« Tu vas où ? ».
« Je peux fumer ? ».
« Tu peux fumer à la fenêtre ».
« Merci ».
Le bogoss passe sa chemisette qui semble coupée sur mesure pour son torse de malade, il ferme quelques boutons, passe son short sans boxer, se faufile derrière le rideau, ouvre la fenêtre et allume sa clope.
Il n’a pas tiré deux taffes que j’entends Denis lui lancer :
« Ah, tu fumes ? ».
« Eh oui… ».
« On ne t’a pas dit que c’est mauvais pour un sportif ? ».
« Si, on me le dit chaque jour, plusieurs fois. J’essaie d’arrêter mais c’est pas simple ».
« Il a des cigarettes plus difficiles à éviter que d’autres » il rigole.
« C’est bien vrai » fait Jérém qui a l’air d’avoir compris l’allusion de Denis de la même façon que je l’ai moi-même comprise.
« Allez files-en moi une s’il te plaît ».
« Vous pouvez bien me faire la morale » fait Jérém, insolent.
« Tu sais, à mon âge, je ne serai plus jamais champion de rugby. Et ça fait bien longtemps qu’il n’y a plus de cigarette « inévitable ». Mais de temps à autre, je m’autorise un petit plaisir. Mais il ne faut pas le dire à Albert ».
J’entends Jérém sourire. Qu’est-ce que j’aime l’entendre sourire.
J’entends le bruit du briquet qui allume la clope. J’entends Denis le remercier, je l’entends comme s’il était dans la pièce. Je suis toujours à poil. Il ne peut pas me voir derrière l’épais rideau, mais j’ai le réflexe de me cacher sous la couette.
Je les entends continuer à discuter. La voix de Denis se fait plus faible, il a dû revenir à ses plantes à l’autre bout de la petite cour. Une idée saugrenue me traverse l’esprit. Je sors du lit, je m’approche de mon brun, je me mets à genoux, je le rejoins derrière le rideau. Je caresse sa braguette, je retrouve la raideur de sa queue. J’ouvre une nouvelle fois les boutons de son short. Le bogoss se laisse faire. Je libère la bête chaude qui a encore envie de plaisirs. Et je recommence à le pomper alors qu’il discute toujours avec Denis. C’est sacrement excitant.
Le bogoss termine vite sa cigarette, il dit au revoir à mon proprio et il referme la fenêtre. Il att le rideau et le fait glisser entre la fenêtre et nous.
« T’es dingue, toi ! » il me lance, tout en m’obligeant à me relever.
« T’as pas dit non que je sache… ».
« C’est pas faux ».
« J’ai trop envie de toi ».
Le bogoss me sourit et m’embrasse. Il est beau à en crever. Je le regarde défaire les boutons de sa chemisette, avant de s’en débarrasser à nouveau.
« Il semblerait que la deuxième mi-temps va commencer ».
« Et comment ! » il me répond, tout en m’entraînant vers le lit.
Un instant plus tard, je me retrouve allongé à plat ventre sur le matelas. Je sens ses mains saisir fermement mes fesses, les écarter doucement. Je sens sa langue se poser sur mon trou, l’agacer, me chauffer à bloc, me rendre fou d’excitation. Les frémissements de sa langue me font vibrer de fond en comble, m’embrasent de plaisir et de désir.
« J’ai envie de toi » je ne peux me retenir de lui lancer, l’esprit assommé et la voix déformée par l’excitation.
« Je sais. T’as envie que je te gicle dans le cul ».
Voilà sa réponse de petit con. Une réponse qui redouble mon excitation.
« Si tu savais à quel point ».
« Je sais, je sais… ».
Le bogoss se laisse glisser sur moi. Je sens ses lèvres parcourir mon dos avec la légèreté d’une plume, lui procurant mille frissons. Je sens sa queue se caler dans ma raie et provoquer de petits frottements délirants. Je sens ses dents mordiller mon oreille, son corps chaud envelopper le mien. Je suis une torche embrasée de plaisir.
Quelques instants plus tard, le bogoss se relève, son torse quitte mon dos. Mon envie de lui devient frustration insupportable.
A nouveau, ses mains puissantes écartent mes fesses. Son gland se presse contre mon trou. Et très vite, mes chairs cèdent sous la pression de la clef qui exige l’accès à mon intimité ultime, cette clef mâle qui va leur apporter un bonheur qui leur est bien connu mais dont elles sont toujours en manque.
Le bogoss se laisse glisser en moi, il prend possession de moi, lentement, doucement, mais avec une inéluctabilité virile qui me rend dingue.
Un instant plus tard, je suis envahi, rempli, possédé par mon mâle brun. Comme d’habitude, avant de commencer de me limer, il reste quelques instants bien calé au fond de moi, comme pour savourer d’avance et retarder son plaisir à venir, comme pour me faire apprécier la puissance de sa virilité.
Puis, il s’allonge sur moi, il pose un chapelet de doux bisous dans mon cou, dans mes épaules. Et alors qu’il commence à me limer avec des va-et-vient lents et doux, son torse chaud enveloppe à nouveau mon dos, ses dents mordillent mon oreille, ses doigts excitent mes tétons.
« J’ai tellement envie de toi » je lui lance, comme dans un état second.
« Moi aussi ».
La puissance de ses coups de reins, les va-et-vient de son manche puissant en moi, le contact de ses mains qui saisissent fermement mes hanches, pus mes épaules, et mes biceps pour lui donner l’appui nécessaire pour envoyer de bons coups de reins : chacune de ces sensations participe à me mettre dans un état de presque folie sensuelle.
« C’est trop bon » je l’entends soupirer, la voix chargée d’excitation.
« C’est fou ce que tu me fais… ».
Sa virilité me fait tellement de bien que, sans même me toucher, je sens un intense frisson brûlant se dégager de mon bas ventre. Les petits frottements entre mon gland et le drap, provoqués par son pilonnage incessant, ont été suffisants pour appeler un orgasme que je sens approcher à grands pas. J’essaie de me retenir, je veux encore de ses assauts virils.
« … mais si tu continues, je ne vais pas tarder à jouir… » j’arrive à lui lancer en faisant un effort de plus en plus important pour garder mon orgasme à distance.
Et là, le bogoss s’extirpe de moi, il me fait mettre sur le dos. Il s’allonge sur moi, il m’embrasse. Puis, il att un oreiller, le fait glisser sur mes reins. Lorsqu’il se relève, je contemple l’absolue beauté de son torse sculpté et poilu aux tatouages bien virils, de sa belle petite gueule bien excitée.
Le bogoss se faufile entre mes jambes et il reprend possession de moi. Un frisson parcourt son visage lorsque son gland passe la barrière sans résistance de mon trou.
Pendant un instant, il me regarde, immobile.
« T’es vraiment un beau petit mec » il me lance.
« Et toi alors, t’es beau comme un Dieu ! ».
Le bogoss me sourit et s’allonge sur moi pour un dernier bisou. Avant de se relever, d’attr mes jambes, de les mettre sur ses épaules et de recommencer de me pilonner.
Le bogoss m’offre la vision sublime de son corps et sa belle gueule à la recherche de l’orgasme. Et c’est divinement beau. C’est tellement bon de le sentir glisser en moi, taper à fond, bien au fond, c’est tellement bon de le voir prendre son pied. Alors, quand il pose ses doigts sur mes tétons, je me sens à nouveau très vite glisser vers l’orgasme. C’est tellement rapide que je ne peux rien faire pour le retenir.
« Oh Jérém… » j’ai tout juste le temps de soupirer, alors que l’orgasme m’assomme, alors que le plaisir parcourt mon corps comme une puissante décharge électrique. Alors qu’une première giclée est violemment éjectée de mon gland et atterrit dans le creux de mon cou.
Et alors que d’autres giclées trempent mon torse, je vois mon bobrun se crisper, je l’entends pousser un immense soupir de bonheur, je le vois lever le visage vers le plafond, fermer les yeux, ouvrir sa bouche, retenir de justesse dans sa gorge un cri libératoire (comment je regrette la liberté de Campan !). Ses coups de reins s’espacent, ses mains se contractent sur mes cuisses, sa pomme d’Adam bouge nerveusement au gré des vagues de plaisir amenées par l’orgasme puissant.
Jérém s’allonge sur moi, toujours en moi, sans faire attention à mon sperme étalé sur mon torse. Il m’embrasse.
« Qu’est-ce que j’aime te faire l’amour » il me chuchote tout bas à l’oreille.
« Moi aussi, si tu savais ».
J’adore le garder en moi après l’amour, me savoir rempli de sa semence, de son essence de jeune mâle. Mais j’adore tout autant le voir aussi câlin, le sentir aussi amoureux.
Nous roulons sur le flanc, nous nous retrouvons face à face, nous nous faisons des bisous.
Peu à peu, je sens la fatigue me gagner et, bercé par le corps chaud, musclé et doux de mon homme, envoûté par le parfum de sa peau, enveloppé par ses bras puissants, je me laisse glisser dans le sommeil.

Lorsque je me réveille, je surprends mon beau Jérém en train de me regarder en silence. Il me sourit et me fait un bisou.
« Tu n’as pas dormi ? » je le questionne.
« Un petit peu… ».
« Il est quelle heure ? ».
« Dix-neuf heures, je pense ».
« Ça fait longtemps que tu es réveillé ? ».
« Un petit moment ».
« Et tu me regardais… ».
« Oui, je te regardais dormir. Tu es beau quand tu dors ».
« Toi t’es beau tout le temps ».
Nous nous embrassons à nouveau.
« Ça m’a manqué de te parler hier soir » je lui lance.
« Désolé, on est encore sortis entre juniors. Les gars sont fous. J’ai du mal à tenir le rythme. Je me passerais bien de sortir tous les soirs ».
« Mais pourquoi tu ne lèves pas un peu le pied ? ».
« Je ne peux pas rester dans mon coin, sinon ils vont me prendre pour un sauvage. J’ai besoin de m’intégrer, de me faire des potes ».
« Oui, mais déjà qu’on ne peut pas se voir tous les jours, j’ai envie de sentir ta voix ».
« J’avais aussi envie de t’appeler, mais ils ne m’ont pas lâché. Ça s’est fait tard et je n’ai plus osé t’appeler. Mais ça a été une soirée profitable. Hier soir j’ai discuté avec un gars qui est inscrit à « gestion des entreprises » à la fac. Et il m’a convaincu de m’y inscrire aussi ».
« C’est vrai ? ».
« Oui, chef. Tu vois, c’est utile de faire des connaissances ».
« C’est vrai ».
« Mais tu m’as manqué depuis une semaine ».
« Toi aussi tu m’as manqué. Ça fait longtemps que tu me manques quand tu n’es pas avec moi. Mais encore plus depuis ce qui s’est passé la semaine dernière. Surtout depuis que je suis ici. Je n’ai pas l’habitude de vivre seul ».
« Je sais. Mais je suis là maintenant » il me chuchote à l’oreille, tout en me serrant très fort dans ses bras.
« Qu’est-ce que je suis bien avec toi, Jérém ! ».
« Allez, ourson, je t’invite au resto ».
« C’est vrai ? ».
« Oui, mais je ne sais pas où. Je ne connais pas Bordeaux ».
« On va demander à Denis et Albert, ils vont savoir, eux ».
Nous passons à la douche et nous nous rhabillons. Qu’est-ce que j’aime partager ces petits gestes du quotidien avec mon Jérém.
En sortant de mon studio, Albert nous voit et nous invite prendre un verre chez eux.
Pendant l’apéro, la conversation porte essentiellement sur les entraînements de Jérém, et sur mes premiers cours à la fac. A un moment, j’écoute Jérém et Albert discuter de Campan. Albert semble plutôt bien connaître ce village où j’ai été si heureux avec mon bobrun.
« Vous êtes tellement beaux tous les deux, profitez bien de votre jeunesse et aimez-vous » nous lance Albert avec une touchante bienveillance, alors que nous lui annonçons que nous allons dîner en ville.
« Au fait, tiens Jérémie » fait Denis, en lui tendant un billet.
« Mais non, c’est pas la peine ».
« Si j’insiste, tu m’as bien rendu service ».
« On va boire un coup à votre santé alors » fait Jérém en saisissant le billet de cent francs.
« Ca me paraît une bonne idée. On a plus besoin de santé que d’argent à notre âge » fait Denis.
« Vous savez où vous allez manger ? » demande Albert.
« Non, pas vraiment. On voulait justement vous demander conseil ».
« Tenez » fait Denis en nous tendant une carte. Ce restaurant est tenu par un ami. C’est pas donné, mais c’est très bon. Dites-lui que vous venez de ma part, il vous fera quelque chose sur l’addition ».
Je file à Denis mon plan de la ville que je ne quitte jamais et il me marque l’emplacement du restaurant.
« Merci ».
« Bonne soirée, les mecs ».
Nous traversons la petite cour au sol rouge et le passage au miroir. Nous traversons le portail en bois et nous voilà dans la rue Saint Genès.
« Tu es garé loin ? ».
« Pas trop, non. La voiture est juste là, de l’autre côté de la rue ».
Je regarde mais je ne vois pas la 205 rouge.
« Je ne la vois pas. Elle est où ? ».
« Elle est juste là, devant toi ».
Et là, sous mon regard interrogatif, il appuie sur une petite télécommande. Et ce sont les clignos du 406 coupé bleu métallique que j’ai admiré tout à l’heure qui se mettent à clignoter.
« C’est quoi cette merveille ? ».
« Ma voiture ».
« Tu as déjà acheté une nouvelle voiture ? » je le questionne, dérouté.
« Oui, avec mon premier salaire ! ».
« C’est vrai ? ».
« Mais non, c’est Ulysse qui me l’a prêtée »
« C’est qui Ulysse ? ».
« Un junior avec qui j’ai sympathisé. Cet après-midi, quand on nous a libérés, il m’a annoncé qu’il allait voir sa copine à l’Ile de Ré. Je lui ai dit que je serais bien allé voir la mienne à Bordeaux. On a fait la route ensemble jusqu’à chez lui et il m’a laissé la voiture. Je le récupère demain matin en remontant vers Paris ».
Nous nous installons dans la bagnole. Je suis impressionné par la beauté du tableau de bord, le soin des finitions, le confort des sièges en cuir, le parfum de neuf de l’habitacle.
Le bogoss démarre la voiture et il sort de la place de parking en faisant bramer la bête comme il se doit.
« Ecoute ce bruit… » fait-il, en appuyant sur le champignon.
« … et prends cette accélération dans la tronche ! ».
En effet, je suis scotché à mon dossier par la rapidité de la montée en vitesse.
« Ton pote a vraiment une jolie bagnole ».
« Apparemment ses parents sont friqués ».
« Et il t’a prêté sa belle bagnole alors que vous vous connaissez que depuis quelques jours ? ».
« C’est un gars très sympa ».
« Je vois, oui… ».
Je ressens un petit pincement au cœur en pensant à ce pote. Je me demande quel corps d’athlète, quelle belle petite gueule sexy se cache derrière ce prénom, Ulysse, si inusuel, si beau, si mystérieux. Je sais que je ne peux pas continuer à me poser des questions sur chacun de ses coéquipiers, sinon je vais devenir dingue. Mais c’est plus fort que moi. Je brûle d’envie de lui demander qui est ce pote, comment il est, mais je décide de lui faire confiance. Et de ne pas gâcher ce beau moment où le temps nous est compté avec des questionnements mal placés.
« J’ai toujours aimé ce modèle » je lui raconte.
« Si tout se passe bien, bientôt j’aurai une belle bagnole aussi ».
« Tu penses à quoi ? ».
« Tu verras » fait le bogoss, l’air fier de lui, tout en allumant la radio.
Le système de son est raccord avec l’élégance de la voiture. Il est parfaitement conçu. Les basses sont bien dosées, tout comme les aigus, on se sent enveloppés par la musique. Un son parfait pour rendre hommage à la magnifique chanson diffusée sur la station :

https://www.youtube.com/watch?v=-SbvuLeO-f0

J’ai une chanteuse de cœur, et elle ne changera jamais. Mais Diana Ross fait partie de ces chanteuses dont le personnage, tout autant que la musique, suscite en moi une grande fascination.
En attendant, je suis sous le charme de mon bobrun au volant de cette petite merveille. Il a l’air tellement à l’aise dans cette belle bagnole qu’il vient de conduire pour la première fois. La transition de sa vieille 205 rouge à ce bolide bleu métal s’est faite sans complexes. A sa place, je serais terriblement intimidé. Mais Jérém à l’air à l’aise comme un poisson dans l’eau, un poisson qui apprécie tout particulièrement son nouvel aquarium signé par un grand designer italien. Et je le trouve terriblement sexy.
A cet instant précis, je me dis que je suis vraiment heureux.
Je suis installé dans une belle voiture, dans un siège en cuir hyper moelleux, enveloppé par cette voix si unique, portée par un système de son d’enfer. Je suis en compagnie du gars que je kiffe et que j’aime comme un fou, un gars qui a eu les couilles d’oser se taper 1200 bornes aller-retour exprès pour venir me voir pendant quelques heures, un gars qui vient de me faire l’amour comme un Dieu, qui m’a offert des frissons sensuels tellement intenses qu’ils résonnent encore et toujours dans ma chair. Un gars qui vient de m’inviter au resto et qui accepte de ce fait de se montrer en public avec moi.
Je pose ma main sur la sienne qui traîne sur le levier de vitesse. Son pouce caresse doucement ma main. Un intense frisson parcourt mon corps. Je croise son beau sourire, à la fois doux et hyper sexy. Il est tellement beau dans sa chemisette qui moule diaboliquement son torse et ses biceps !
« J’ai encore envie de toi » je ne peux m’empêcher de lui lancer.
« Je sais… attends un peu, la soirée ne fait que commencer ».
La soirée s’annonce belle, plus que belle, on ne pourrait plus belle. A cet instant précis je suis le gars le plus heureux de la terre.
La chanson vient de se terminer et une voix de speaker sensuelle et très masculine annonce le titre du prochain morceau dans cette émission de rétrospective sur la Diva américaine.

https://www.youtube.com/watch?v=UaYHRx9-v2M

C’est une chanson à la fois belle et triste, annonçant le départ de l’être aimé et de l’impossibilité de l’oublier et de le remplacer.
Nous trouvons le restaurant et nous nous garons un peu plus loin. Une fois devant l’entrée, je trouve l’endroit plutôt chic. Je jette un œil au menu et je me rends compte que ce n’est vraiment pas donné.
« C’est assez cher, on va partager » je propose.
« Non, je t’invite ».
« Mais t’es fou ou quoi ?! »
« C’était ton anniversaire il n’y a pas longtemps, alors je t’invite ».
« Tu es adorable ».
« Je sais. Et très sexy » il plaisante avec un sourire à me faire fondre.
« Petit con, va ».
« Je ne suis pas sexy ? ».
« Oh que oui ! Mais t’es aussi un petit con ! ».
« Je sais aussi, et je sais que tu kiffes ça aussi ».
Cette véritable première sortie publique est un vrai bonheur. Tout est beau, la déco de la salle, les couverts, les fleurs sur le comptoir, la musique jazzy diffusée par la sono, la tenue des serveurs, et les serveurs eux-mêmes.
Le repas est délicieux. Jérém commande du vin, il m’en propose. Malgré mon aversion pour le vin en général, j’accepte de le goûter. C’est à mon goût aussi. Je termine mon verre. Il m’en ressert. Le vin me fait tourner la tête. A moins que ce ne soit la présence de mon beau mâle brun qui me fait cet effet. Son regard, son sourire, son charme me donnent le tournis. Je me sens tellement bien, tellement amoureux de mon Jérém. Cette soirée n’est pas belle, elle est magique.
En sortant du restaurant, je propose à Jérém de faire un tour dans la ville.
Je l’amène place des Quinconces, je lui fais découvrir le Monument aux Girondins. Nous rejoignons la Place de la Bourse, puis le Pont de Pierre.
« Tu ne trouves pas qu’il ressemble… ».
« Au Pont Neuf ? » il complète ma question.
« Elle te manque à toi aussi ? ».
« Toulouse, je l’aurai toujours dans mon cœur ».
« J’ai envie de t’embrasser ».
« Moi aussi, mais il y a du monde » fait-il, tout en posant un baiser furtif sur mes lèvres, tout en restant sur ses gardes, en regardant à 360 degrés qu’il n’y ait pas de danger majeur en vue.
C’est dur de se dire qu’en 2001, quand on est un mec qui aime les mecs on doit encore se cacher pour aimer. Qu’en étant homo, on est des citoyens différents des autres, comme des citoyens de deuxième catégorie, avec moins de droits que les hétéros. Qu’en étant homo, ce sont parfois les autres, ceux qui ne sont pas comme nous, qui nous dictent nos règles de conduite.
Mais malgré ces pensées dérangeantes, je me sens bien. Car mon Jérém est avec moi, et je me sens en sécurité.
Dans la voiture, en route vers mon petit studio, je ressens les mêmes sensations qu’à l’aller. Qu’est-ce qu’il est beau mon Jérém dans cette belle voiture !
Protégé par la nuit, je m’enhardis, je porte une main derrière son cou, je le caresse. A l’arrêt d’un feu rouge, alors qu’il n’y a personne autour de nous, je m’aventure même à poser des bisous sur son cou. Le bogoss a l’air d’aimer. Et alors que je reviens à la charge pour un nouveau bisou dans le cou, ses lèvres captent les miennes au vol et leur claquent un doux baiser. J’ai envie de pleurer, de crier de bonheur.

Il est presque minuit et dans la petite cour, c’est le silence qui règne. Les stores de mes proprios sont baissés. Les papis font dodo.
Sous la couette, dans la pénombre, je ne résiste pas à l’envie de refaire une bonne gâterie à mon bobrun. Je le suce doucement, je pourrais le sucer pendant toute la nuit. Mais au bout d’un certain temps, le bogoss veut intervertir les rôles. Je me retrouve ainsi en train de me faire sucer par mon bobrun, à frissonner sous les coups de sa langue, sous les va-et-vient de ses lèvres. J’étais parti pour lui faire plaisir, je me retrouve désormais à avoir envie qu’il me fasse plaisir. Plus il me suce, plus je suis happé par l’envie de lui jouir dans la bouche.
Mais le bogoss a d’autres plans. Lorsqu’il quitte ma queue des lèvres, il s’allonge sur moi, il m’embrasse et me chuchote à l’oreille :
« J’ai envie de toi… ».
« Moi aussi j’ai envie de toi, ça fait toute la soirée que j’ai envie que tu me fasses l’amour ».
« Cette fois, j’ai envie que tu fasses le mec » il me chuchote tout bas.
Jérém s’allonge sur le ventre, mon cœur se met à taper à mille à la minute. J’ai toujours du mal à réaliser qu’un mec comme Jérém, aussi beau, aussi viril, ait envie de se laisser prendre par un mec comme moi. Je n’arrive pas à croire que je vais faire l’amour au gars aux tatouages sexy. Et pourtant, c’est bien le cas. Et ça fait un bien fou à mon égo de mec.
Mon égo masculin que j’ai découvert à Campan lorsque pour la première fois Jérém m’a demandé de le prendre, grandit encore et atteint de nouveaux sommets.
Un instant plus tard, ma langue s’emploie à bien exciter son trou. Je retrouve le plaisir immense de le sentir frissonner de bonheur. Avant de goûter au plaisir le plus exquis, celui de sentir ses muscles se relâcher sous la pression de ma queue, de me sentir glisser dans son intimité ultime. J’entends mon bobrun lâcher quelques soupirs qui traduisent une certaine souffrance au passage de mon sexe.
Je m’arrête, je veux ressortir. Mais le bogoss m’en empêche. Rassuré, je recommence d’exercer une pression avec mon bassin et je me sens définitivement glisser en lui.
Je viens de pénétrer mon bobrun et m’allonge sur lui, j’embrasse son cou, ses épaules. Et je commence à lui faire l’amour. Le bogoss souffle de plaisir. J’adore l’idée d’être capable de lui donner ce plaisir en étant « actif », en plus de celui que je sais lui donner en étant « passif ».
« Attends » je l’entends me chuchoter à un moment.
« T’as mal ? ».
« Non, je veux juste changer ».
Jérém se retourne, il s’allonge sur le dos, il passe un oreiller sous ses hanches comme il l’a passé sous les miennes quelques heures plus tôt.
« Viens » il m’encourage, tout en écartant ses cuisses musclées.
C’est la première fois qu’il me demande de le prendre dans cette position. J’y vais, malgré un certain malaise. La petite grimace qui traverse son visage au moment de la nouvelle pénétration ne m’aide pas à retrouver confiance. Je suis gêné, j’ai peur de lui faire mal. Aussi, j’ai peur qu’il trouve ridicules mes attitudes pendant le sexe, alors que je trouve les siennes terriblement sexy. Je me sens intimidé.
Puis, au fil de mes va-et-vient, et malgré la pénombre, je vois le plaisir s’afficher clairement dans les frémissements de son corps musclé de mâle, sur son visage, dans ses soupirs, ses ahanements. Et je reprends enfin confiance. Car c’est beau, terriblement beau. Et atrocement bon.
« C’est bon » je l’entends soupirer.
« Tu aimes ? ».
« Oh que oui » il lâche, la voix assommée d’excitation « Tu as une bonne queue, putain… tu me fais aimer ça » il me balance, ivre de plaisir, en tâtant nerveusement mes pecs.
« Toi aussi tu me fais aimer ça » je lui réponds, tout en me penchant sur lui pour l’embrasser.
Et alors que je sens mon excitation monter dangereusement, je ralentis mes coups de reins pour essayer de me retenir.
« Pourquoi tu ralentis ? ».
« Si je continue, je vais jouir vite ».
« Allez, vas-y, fais toi plaisir ! » il me lance « je kiffe ça ».
Ses mains saisissent mes biceps, m’invitant à me relever.
« Laisse-moi voir comment t’es beau ! ».
Mon égo de mâle prend encore de l’ampleur.
J’accélère la cadence de mes coups de reins, et le bogoss pince délicatement mes tétons, provoquant d’intenses frissons dans tout mon corps.
Jérém semble de plus en plus fou de plaisir, j’ai l’impression qu’il prend vraiment son pied.
Très vite, je sens que vais jouir dans le cul du mec aux biceps tatoués.
« Je vais venir » je le préviens.
« Vas-y, fais-toi plaisir, beau petit mec ! ».
Mon orgasme est sur le point d’exploser. Submergé par la déferlante du plaisir, je laisse mes muscles se détendre, je baisse inconsciemment ma tête, je me penche en avant, je rentre le menton dans mon sternum.
Et là, je sens ses mains saisir mes biceps une nouvelle fois, et m’inviter à nouveau à relever le buste.
« Laisse-moi voir comment tu es beau pendant que tu viens » je l’entends me lancer, excité au possible, une excitation que je ressens malgré mon absence provoquée par ma jouissance.
La sensation de sentir mon sperme en train de se déverser en lui est délirante.
Je jouis en lui, et il se branle jusqu’à jouir à son tour, en lâchant de lourdes e qui atterrissent dans un bruit sourd sur son torse musclé.
Je viens de jouir mais la chute de mon excitation n’est pas suffisante pour m’empêcher d’avoir envie de nettoyer tout ce bonheur chaud avec ma langue.
« T’as aimé ? » il me questionne quelques instants plus tard, alors que je me blottis contre lui et le prends dans mes bras.
« Trop, j’ai trop kiffé. Je ne pensais même pas que je pouvais kiffer ça ».
« Moi non plus je ne croyais pas que je pourrais kiffer ça » je le rassure « et je suis content que toi aussi tu as aimé ».
« C’est ta faute » il plaisante, avant de me glisser « tu fais ça trop bien ».
Je le serre un peu plus fort contre moi, je lui fais mille bisous dans le cou.
Très vite, je l’entends pousser de petits grognements tout mignons en s’endormant. Et je m’endors à mon tour en me disant que je voudrais vivre ça chaque jour de ma vie.

Un peu plus tard dans la nuit c’est l’excitation qui me fait émerger de mon sommeil. Jérém est en train de me sucer à nouveau.
« C’est trop bon » je lui chuchote, la voix pâteuse.
« Viens » je l’entends me lancer tout bas, alors qu’il s’allonge une nouvelle fois sur le ventre et qu’il écarte à nouveau ses cuisses musclées pour m’offrir son intimité ultime. Ses gestes sont de plus en plus aisés, ses réticences ont disparu sans laisser de trace.
Le bogoss a aimé ce que je lui ai fait, et il en redemande. Je me dis qu’alors je ne m’en sors pas si mal. Que je suis en mesure de donner du plaisir à un garçon en étant « le mec ». Je me dis qu’il doit vraiment aimer ça. Mon égo de mâle est en train de s’inscrire durablement dans mon esprit.
Je mets un peu de salive sur ma queue, j’en mets aussi dans son trou. J’écarte ses fesses et je cherche sa rondelle. Et je m’enfonce dans mon beau mâle brun sans rencontrer de résistance. Dès que je recommence à le limer, le plaisir masculin se propage dans mon corps comme une douce drogue.
Je limite l’amplitude de mes va-et-vient, la puissance de mes coups de reins, de peur de lui faire mal, de le brusquer, de le braquer. Mais je ne vais pas tarder à réaliser que mes craintes ne sont vraiment pas fondées.
« Putain, qu’est-ce que c’est bon ! Vas-y Nico… défonce-moi… défonce-moi bien ! » je l’entends lâcher, la voix étouffée par le plaisir.
J’accélère mes coups de reins, je me lâche. Et mon orgasme arrive rapidement.
« Je viens… ».
« C’est bon, vide-toi bien petit mec ! ».
Et le nouvel orgasme me secoue de fond en comble, me laissant vidé de toute énergie. Je m’allonge sur son dos, épuisé. Un instant plus tard, je me déboîte de lui et je me laisse glisser à plat ventre sur le matelas. Je lui fais un bisou dans le cou. Sa peau sent terriblement bon.
« Nico… » je l’entends chuchoter.
« Ça va ? ».
« Oui, ça va… j’ai envie de te prendre… t’as envie ? ».
« Fais toi plaisir ».
Le bogoss vient en moi. Je viens de le prendre, il me prend. Je viens de le limer, il me lime. Je viens de jouir en lui, il ne tarde pas à jouir en moi. Et nous nous endormons l’un contre l’autre en nous faisant des bisous.

Mon réveil suivant, est à nouveau un réveil d’excitation. Le bogoss est à nouveau en train de me pomper. Il s’y prend avec entrain, je sens qu’il veut me faire jouir dans sa bouche.
« Tu veux me » je lui lance.
Pour toute réponse le bogoss accélère ses va-et-vient en précipitant ainsi ma jouissance.
Puis, sans un mot, mais avec un sourire qui est le plus beau des « bonjours », il se lève et part à la douche. Je regarde l’heure, il 5h30. C’est bientôt l’heure de son départ. Ces quelques heures en sa compagnie ont filé si vite !
Pendant que mon Jérém se rafraîchit, je lui prépare un café.
Mais lorsqu’il revient de la douche tout pecs et abdos dehors, sexy à mort, le boxer déformé par une bosse plutôt appétissante, je ne peux résister à l’envie de lui offrir une dernière pipe pour la route.
« Voilà une bonne façon de commencer la journée » il se marre.
« Je ne te le fais pas dire » je confirme.
Je viens d’avaler son sperme et je lui sers son café.
Ca va aller pour la route ? » je l’interroge.
« T’inquiète, ça va le faire ».
« Mais tu n’as presque pas dormi ».
« Je vais conduire jusqu’à la Rochelle, après je laisse le volant à Ulysse ».
« Il faut espérer qu’il ait dormi davantage que toi ».
« Je l’espère aussi ».
Jérém termine son café, il passe sa chemisette. Je m’approche de lui, je l’embrasse et je me charge de fermer ses boutons, tout en posant des bisous sur son torse musclé avant de sceller une nouvelle portion de son torse divin. C’est à la fois terriblement sensuel et terriblement désolant. Une chemise qui se referme après l’amour est comme un rideau qui tombe sur le plus beau des spectacles. On regrette que ce soit fini et on voudrait qu’il y ait des rappels qui ne viendront pas. J’ajuste le col de la chemisette au tissu doux, je le regarde.
« Qu-est-ce que tu es sexy ! » je ne peux m’empêcher de lui glisser.
Le bogoss sourit, passe son short, ses chaussettes et ses baskets et s’en va fumer une dernière cigarette à la fenêtre.
Ce sont les derniers instants avant de nous quitter et je voudrais avoir le cran de lui parler des choses que j’ai sur le cœur. Je repense aux mots d’Albert et de Julien, leurs plaidoyers sur le besoin impératif de se protéger en cas d’écart. Est-ce que je peux lui faire confiance ? Est-ce que cet Ulysse est un beau garçon ? Est-ce que Jérém le kiffe ? Est-ce qu’il kiffe mon Jérém ? Combien d’Ulysse va-t-il croiser à Paris dans les jours, semaines, mois, années à venir ?
Pour l’instant tout semble aller pour le mieux entre nous. Il aura fait 1200 bornes aller-retour en quelques heures rien que pour me voir, pour me faire l’amour, pour que je lui fasse l’amour. Sa fougue et son envie de me voir me rassurent et me font penser que depuis une semaine il n’a pas été voir ailleurs. Mais jusqu’à quand va-t-il se souvenir de moi ? Est-ce qu’un jour il va avoir envie d’aller voir ailleurs ?
Tant de questions se bousculent dans ma tête, exacerbées par l’approche de notre nouvelle séparation. Et pourtant, je n’ai pas le cœur de lui en parler, j n’ai pas le cœur de lui prendre la tête à 3 heures du mat avec tant de route devant lui. Ce sera pour une prochaine fois.
« Allez, Nico, je dois aller, sinon je vais être en retard ».
« Fais attention sur la route » je lui glisse, en le serrant très fort contre moi, en le couvrant de bisous, alors que je n’arrive pas à contenir mes larmes. Chaque retrouvaille est une fête, chaque séparation un déchirement.
Nous sortons dans la petite cour silencieuse. Les stores des proprios sont toujours fermés. Nous traversons le passage, je vois notre reflet dans le grand miroir. Qu’est-ce qu’on est beaux, tous les deux ensemble !
« Allez, Nico, rentre chez toi, essaie de dormir encore un peu » me lance le bogoss devant le grand portail en bois.
« C’était trop court ».
« C’est vrai, mais on se reverra bientôt, je te le promets ».
« Je suis bien quand je suis avec toi, Jérém ».
« Moi aussi je suis bien avec toi ».
« Tu es sage à Paris, hein ? » j’arrive à lui glisser, au prix d’un énorme effort.
« Sage comme une image » il plaisante.
Nous nous embrassons une dernière fois. Puis, le bogoss passe le portail et plonge dans la rue illuminée par l’éclairage public. Dans un flash, je retrouve certaines nuits toulousaines où je traversais la moitié de la ville à pied à la suite d’un sms bourré de fautes que mon bobrun venait de m’envoyer pour me baiser. Je repense aussi à certaines nuits où je suis rentré avec lui de boîte et où nous nous sommes promenés depuis le canal jusqu’à son appartement rue de la Colombette. A Bordeaux comme à Toulouse, des petits, immenses bonheurs volés à la nuit.
Je le regarde rentrer dans sa voiture, démarrer, allumer les feux, s’engager sur la voie et s’éloigner jusqu’à disparaître de ma vue. Et je ne peux m’empêcher de pleurer à chaudes larmes.

Vendredi 21 septembre 2001.

Une nouvelle journée commence à Bordeaux. Il fait beau dans la capitale girondine, comme il fait beau dans tout le sud-ouest.
« Elle s’appelle Aurore » me lance Raphaël juste après m’avoir serré la main.
« Qui ça ? » je fais, la tête ailleurs, le cœur à des centaines de kilomètres de là.
« Elle, la blonde qui est assise devant, celle que j’ai emballé à la fin du cours ».
« Ah, d’accord ».
« J’ai couché avec elle hier soir ».
« Déjà ? ».
« Il faut cueillir les fruits quand ils sont mûrs… et elle était mûre ».
« Si tu le dis… » je fais distraitement, alors que je regarde mon portable pour voir s’il y a des messages (mais il n’y en a pas, hélas !), tout en essayant de me dégager de cette conversation qui n’a pas vraiment d’intérêt pour moi.
« Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit, si tu vois ce que je veux dire… ».
« Oui, oui, je vois très bien ».
« Toi non plus t’as pas l’air d’avoir beaucoup dormi cette nuit, je me trompe ? ».
« Oui, enfin, non » je bégaie, pris au dépourvu.
« T’as baisé toi aussi ? C’est une nana d’ici, je la connais ? ».
« Non, non… laisse tomber… ».
« Allez raconte ! ».
Je commence à me trouver mal à l’aise face à son insistance. Bien m’a pris d’arriver autant à l’avance avant le cours ! Quelle idée j’ai eue d’arriver si en avance au cours !
Heureusement, une diversion inattendue vient me sortir du pétrin de cette conversation peu agréable pour moi. Elle se présente sous les traits d’un mec brun, pas canonissime mais pas moche non plus, très propre sur lui, l’air d’un garçon « de bonne famille », habillé sans prétention mais pas sans style, le regard vif et malin.
Le mec semble chercher une place où s’asseoir. Il semble hésiter entre plusieurs. Je croise son regard et il me sourit. Il approche de moi.
« Salut ».
« Salut ».
« Je peux m’asseoir près de vous ? ».
« Pas de problème ».
« Je m’appelle Fabien » fait le type, sur un ton plutôt affable, en nous serrant la main.
« Moi c’est Nico ».
« Et moi Raph. Je ne t’ai pas vu en cours en début de semaine, tu es nouveau ? ».
« Tu es de la sécurité ? » se marre Fabien.
« Oui » fait Raphaël sans se démonter « veuillez montrer vos papiers ».
« Je n’ai pas pu venir plus tôt car j’ai du remplacer mon père à la station-service ».
« Tu es d’où ? ».
« Vic en Bigorre, un bled près de Tarbes ».
Le prof arrive, s’installe à son bureau, le cours va bientôt commencer.
Monica arrive à la toute dernière minute. Elle fait la connaissance de Fabien. Notre petite bande compte désormais 4 membres.
« C’est pas trop tôt » la taquine Raphaël.
« Mais de quoi je m’occupe » elle le rembarre gentiment, sur un ton espiègle.
« Qu’est-ce que t’as foutu hier ? Le réveil n’a pas marché ? ».
« Mais tu veux bien t’occuper de tes oignons ? ».
Le début du cours met provisoirement fin à ces échanges de piques amicales.
Le prof a une impressionnante capacité à attirer l’attention. Son cours est captivant. C’est le genre de cours qui te fait oublier le temps qui passe. Du moins, en ce qui me concerne.
Il est un peu plus de 11 heures lorsque je trouve sur mon portable un message de Jérém : « Bien arrivé, c’était trop bien » datant d’une heure plus tôt. Ça me fait un bien fou.

Midi arrive vite et nous allons manger au resto U. Pendant la pause déjeuner, Fabien nous parle de lui, de ses études, de ses projets. Monica a l’air sous le charme.
Nous sommes sur le point de quitter le resto et de nous diriger vers la salle où se tiendra le cours de l’après-midi, lorsque je surprends une conversation entre deux étudiants qui me glace le sang.
« … et il parait que ça pourrait être un attentat… ».
« Si c’était un attentat, ils auraient choisi Paris… ».
« Qu’est-ce qui se passe ? » les questionne Raphaël sans détours, alors qu’il vient lui aussi d’entendre le mot « attentat ».
« Il semblerait que la France soit visée à son tour par une attaque terroriste ».
« Où ça ? » je lâche, désormais mort de peur.
« Ce matin, il y a eu une grande explosion à Toulouse. Et il y aurait des victimes ».

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